C’est anecdotique, mais symbolique de cet attachement à ce petit village que la famille peut avoir, depuis bien des lustres, et malgré l’éloignement géographique.
La carte ci-contre a été retrouvée récemment par hasard sur internet. Elle a été postée en août 1955, c’est à dire il y a 68 ans. J’avais alors 6 ans et nous arrivions en vacances chez l’arrière grand-mère Tranchaud Eugénie qui nous accueillait pour 2, (peut-être 3) semaines. Ma petite sœur (Betty) avait 2 ans, et nous avions fait le voyage (un périple à l’époque) avec une moto (une Indian beige et bleue) à laquelle était accroché un side-car. Je voyageais calé au fond du side, tandis que notre mère tenait la petite sœur dans ses bras. Les maigres bagages étaient dans les sacoches et arrimés sur l’arrière de la moto.
Autant dire qu’un tel équipage serait aujourd’hui passible d’une multitude d’amendes, mais à l’époque heureuse de ces vacances tant espérées, la maréchaussée n’y voyait pas d’objections, et nous circulions ainsi sans encombres.
Nous allions alors chez tous les cousins, c’était souvent l’époque des moissons, et on banquetait à droite et à gauche, du Gué à Rioux, de Benon à Aigrefeuille, tellement heureux de galoper dans les champs, de faire un tour en barque avec Camille Petit, de grimper dans la paille à Rioux ou faire semblant de conduire le tracteur Renault sur les genoux de Christian Giraud, d’aller caresser les petits veaux à Benon, ou les chèvres d’Edith Petit à La Moussauderie. Et jouer dans la venelle devant chez la grand-mère Eugénie qui était en guerre perpétuelle avec tout son voisinage, notamment le pauvre Roger Jouineau qui avait tant de mal à faire boire ses trois vaches (Coccinelle, Lunette et Pâquerette) que la redoutable ancêtre s’ingéniait à effrayer en secouant son torchon lorsqu’elles venaient s’abreuver au timbre situé juste face à sa cuisine. Chipie la grand-mère ? On peut même dire un peu mégère, voire « peau de vache » (paix à son âme). Une sacré réputation…
Visiter La Rochelle et les plages alentours et les cousins et cousines à Rompsay, près du passage à niveau (ou pas loin, à l’époque je trouvais formidable d’habiter près d’un passage à niveau ! Situation idéale pour voir passer les trains).
Voilà nos vacances à nous, malheureux citadins qui vivions le reste de l’année dans des logements étriqués et qui n’auraient jamais connu la campagne et ses charmes sans cette chance d’être un peu campagnards par cousinage.
Le petit frère Denis (le petit attardé, comme disait tante Hélène) ne viendra que plus tard jouer les galopins avec la jeunesse de l’époque, une jeunesse tantôt à la retraite…
Ces cousins que l’occasion me permet aujourd’hui de remercier pour leur accueil toujours chaleureux, toujours sincère, et les bouteilles de pineau que nous ramenions comme un trésor, un morceau de ce bout de Charentes qu’il allait falloir attendre au moins un an pour retrouver. Cagouille étonnée de passer par là :
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C’est pourquoi je reviendrai dormir ici définitivement...